Enea Toldo fait dans le salon une proposition enivrante, de terre, de jute et de feu. Il investit l’espace souterrain par une volonté d’employer ce que le sol lui donne pour le mettre juste devant nos yeux. Cet ensemble de travaux apporte avec lui l’idée que n’existant que brièvement, chaque pensée, chaque création possède l’importance du tout. L’artiste nous invite dans un sous-bois aride dont l’odeur, omniprésente, changeante et presque chamanique est une lanterne pour se guider dans les méandres de son œuvre.
Sa pratique invoque des matérialités élémentaires, présentes dans toutes ses pièces. L’artiste source toutes ses matières lui-même, des plages de Naples aux terrains volcaniques de Lanzarote. Il peint ensuite grâce à des pigments naturels, récoltés aussi, des tableaux dont les couleurs viennent de la terre et y retournent par son geste.
Ses figures et abstractions sont imprégnées de l’énergie qu’il reçoit des matériaux qui l’ont trouvé. Enea Toldo renvoie le.a spectateur.ice à la primauté de l’expression, par des peintures qui sans être rupestres en reprennent les codes de création. Les plantes médicinales se retrouvent aussi dans sa pratique, dont il utilise l’huile ou les feuilles elles-mêmes pour en infuser les espaces et les œuvres.
Les trois tableaux monumentaux, tant par leur présence que par leur poids tangible évoquent un “Âge d’or” dont le peintre se joue de l’absurdité. Cet instant évoqué par Hésiote serait le moment d’une descente de l’Eden sur la Terre, où tout abonderait et où toute activité productive deviendrait inutile. Ce jardin des Hespérides s’est bien sûr écroulé et Enea Toldo nous questionne sur ce qui peut être créé avec les ruines.