Le salon | “Chiens de faïence”
Exposition
29.06.2023 — 29.07.2023
Oscar Lefebvre
Vernissage
29.06.2023 — 17h
Sur les murs du salon se déploie une sélection réduite de tableaux, presque des tableautins pour certains, qui accroche le regard par l’incertitude qui préside leur surface. Des formes émanent à travers une accumulation de touches à l’opacité variable, allant de couches maigres à d’autres donnant l’impression d’une rugosité. Une sensation de déjà-vu émerge, rappelant un univers domestique ayant sombré dans la décrépitude et qui pourtant revêt un caractère fascinant. Baignées d’une lumière entre chien et loup, les scènes, à la temporalité indéterminée, se parent de tonalités mélangées, voire volontairement salies, oscillant du verdâtre au brun en passant par des bleus gris et des pourpres. Alternant entre le diaphane et des jeux de valeurs contrastées, on y distingue un chien, une statuette chevaline, quelques fleurs, des masques ou des visages embourbés dans une matière indécise ou encore un chérubin plongé dans un sommeil éternel.
Ces choses désuètes contiennent en creux la mémoire de leur usage passé, ces moments où elles ornaient cheminées, commodes, tables, cadres ou linteaux, tels des signes familiers d’un faste révolu. Oscar Lefebvre les a observées au détour d’une rue, d’une brocante, d’un vide-grenier ou, plus ponctuellement, dans les flux numériques qui dégoulinent sur nos écrans. De ces rencontres, il a glané des fragments par le biais de la photographie ou de la capture, afin de nourrir un atlas visuel dans lequel il peut puiser l’inspiration de ses peintures. Dans cette opération de transfert du pixel au médium pictural, l’image se fatigue par un long processus de décantation. Les volumes s’aplatissent à mesure que les cadrages se resserrent et que la profondeur de champ se réduit. Privilégiant le gros plan, le peintre extrait de menus détails qui convient à se rapprocher. Paradoxalement, cette invitation à ausculter de près les toiles active l’évanouissement des figures qui ne deviennent plus qu’une myriade de touches brossant le subjectile. On comprend alors que le référent initial n’est souvent qu’un prétexte, un objet de curiosité propice à interroger la peinture, sa matérialité comme les genres qui en ont codifié les représentations.
Cette suite de tableaux dessine sur les murs une ligne aux accents cinématographiques. Chaque toile devient le pan d’un récit dont le fil narratif reste néanmoins coi. Les images rendues ambigües par leur traduction picturale se révèlent ainsi entre abstraction et figuration. Tout en résonnant avec une certaine familiarité, elles engagent à se méfier des certitudes et à comprendre leur essence illusoire. Les peintures cristallisent en ce sens une tension renforcée par l’immobilité et le silence des objets représentés. Cette situation, à travers laquelle les regards convergent et se confrontent, apparaît non comme une fin, mais plutôt comme l’amorce de multiples histoires possibles.
Texte d’exposition | Thomas Fort
Oscar Lefebvre est un artiste peintre diplômé de l’École des Beaux-Arts de Nantes (2021). Ses peintures sont issues d’un processus de décantation d’images personnelles. Si ces images sont un point de départ, elles s’oublient rapidement et ne sont plus que prétexte au geste pictural. Certains détails sont extraits et deviennent sujets : halos éblouissants, visages ou objets singuliers apparaissent comme les traces d’un monde certes en décrépitude, mais qui fascine. Ces sujets, entre portrait, paysage et nature morte, éclairent des zones d’incertitude, comme si les situations observées étaient sur le point de basculer ou de s’éteindre. Plus d’infos
Communiqué de presse
Chiens de faïence.pdf
Catalogue