Solo show | Kolja Kärtner Sainz
Exposition
23.11.2023 — 13.01.2024
Perpetuum
Vernissage
23.11.2023 — 17h
Utilisant la peinture comme moyen d’expression très direct, Kolja Kärtner Sainz crée un corpus d’œuvres à la croisée de l’abstraction et de la figuration. Malgré son degré de spontanéité, Kärtner Sainz dispose ses pièces comme des éléments métaphoriques afin qu’elles composent ensemble une structure fictive ; accentuée par son titre individuel, chaque peinture achevée joue un rôle différent dans un scénario. Cet assemblage d’œuvres dans un espace génère un système informatique, avec des cordes qui envoient simultanément des entrées et des sorties, où la tentative de suivre la linéarité de l’émission et de la réception devient vaine. De cette logique découle le titre de l’exposition “Perpetuum” décrivant une machine utopique ayant la capacité de convertir sa perte d’énergie en gain, lui permettant de fonctionner dans un mouvement sans fin.
En pensant à ce mouvement incessant, viennent à l’esprit des intrigues de science-fiction où la beauté de la vitesse rend le monde meilleur. Ce genre littéraire implique une conception enchevêtrée du temps : s’il vise le futur, il le fait en s’appuyant sur l’imagerie du passé, liant ainsi un mouvement bidirectionnel et contradictoire. Dans les peintures de Kärtner Sainz, Surface Probability, Urging ou Fast Forward, nous observons des coups de pinceau à deux vitesses différentes, qui s’accélèrent et s’attardent à la fois. Bien que dans certaines des peintures présentées dans “Perpetuum” on puisse percevoir une certaine dimension technologique ou même architecturale, celle-ci coexiste avec des substances corporelles qui semblent être des organes internes, des synapses ou des êtres squelettiques. Toutes ces unités fonctionnelles n’obéissent pas ici à une logique scientifique cohérente ; au contraire, elles sont composées de manière fluide, glorifiant la composante organique et incalculable de la nature.
Cet univers extemporané, où aucun ordre n’est maintenu, pourrait conduire d’une certaine manière à un état hallucinatoire. La série de peintures intitulée Mirage fait écho à un type spécifique d’illusion, à la fois optique et mentale : Fata Morgana - une bande étroite visible juste au-dessus de l’horizon, qui semble incarner une forme floue d’une certaine entité - rappelant la brume qui recouvre la plupart des peintures de Kärtner Sainz. Bien que la Fata Morgana puisse être expliquée mathématiquement par une équation démantelant le lien entre le cerveau et l’œil, cette vision trompeuse a également un facteur mental. C’est la projection de nos désirs dans la réalité qui nous pousse à investir tous nos efforts pour les atteindre : nous allons vers une destination qui peut s’avérer fructueuse, ou pas. Cette situation peut servir ici d’allégorie à notre condition existentielle, où même face à une vie apparemment dépourvue de sens, les individus peuvent créer leur propre sens par des actes de défi et de rébellion contre l’absurdité. Cette relation complexe entre la vie, la mort, la création et la décomposition est mise en lumière dans le tableau Last One Dancing de Kärtner Sainz, ainsi que dans le poème d’Emily Dickinson :
Comme je ne pouvais m’arrêter pour la mort,
Aimablement elle s’arrêta pour moi ;
La voiture ne contenait que nous deux
Et l’Immortalité.
Nous avancions lentement, elle n’était pas pressée,
Et moi j’avais rangé
Mon travail, et aussi mon loisir,
A cause de sa politesse.
Nous passâmes devant l’école où des enfants jouaient
A lutter dans un cercle ;
Nous passâmes devant les champs de grains attentifs,
Nous passâmes devant le soleil couchant.
[…]
Depuis lors il y a des siècles ; mais chaque siècle
Paraît plus court que le jour
Où je commençai à deviner que la tête des chevaux
Se dirigeait vers l’éternité.
Texte par | Noam Alon
Kolja Kärtner Sainz est un peintre allemand basé à Leipzig et étudiant à l’Académie des Beaux-Arts de Leipzig. Dans ses peintures, Kolja Kärtner Sainz recherche un état intermédiaire idéal où la représentation et l’abstraction peuvent coexister. Explorant profondément cette intersection, il tente d’interpréter librement les états de la nature et de l’artificiel et de ne pas capturer des moments rigides, mais plutôt des flous, des mouvements et des changements de perception. “Perpetuum” à la DS Galerie est sa première exposition personnelle et sa première exposition en France. Plus d’infos
Communiqué de presse
Perpetuum.pdf
Catalogue