Solo show | Sacha Cambier de Montravel
Exposition
30.01.2025 — 01.03.2025
Des canines et des anges
Vernissage
30.01.2025 — 17h
La ballade des perdu.es,
d’après François Villon
Là-bas, entre ciel, mer et ville,
La marée monte.
Rien ne bouge, rien ne se crée.
Le temps
s’est figé sur le seuil d’un nouvel incendie.
Alors, montre-nous,
Lorsque s’abattaient déjà le soufre et le feu.
C’était en août 1466.
C’était en août 1945.
La collégiale de Dinant se consumait dans les flammes bourguignonnes
et les nuées d’Hiroshima.
C’était Sodome, c’était Reggane,
Aujourd’hui et hier.
Sur les rivages de la Méditerranée s’accumulent les débris
et
sur chaque forme nouvelle plane l’ombre de la destruction.
Raconte-nous ces paysages intimes et ces intérieurs blêmes dans lesquels se taille la
violence
et s’enlisent nos démissions.
Évoquons ensemble ces abîmes obsédantes,
les orgies de fantômes qui nous hantent.
La catastrophe est une toile complexe
et les ruptures ont leur musique.
D’autres, avant toi, ont gratté là où ça démange.
et murmuré leurs secrets à nos stupeurs et nos spleens
tirant du bois et de la couleur une indicible ivresse.
Ainsi chantaient le clair-obscur d’Henri Bles
Le blues utopique de Joachim Patinier
Les sataneries paysannes de Brueghel l’Ancien.
La peinture comme symphonie générative,
Partition moqueuse des apocalypses.
Quelle Renaissance que celle qui mêlait aux espoirs d’Harmonie,
La résistance du détail,
la sagesse du petit
et de l’abjection.
Vibrante érotique de la matière qui chérissait nos plumes, nos poils, nos biles et les
élans de nos chairs,
nos aspirations grossières au soleil
et l’importance de la terre,
avisant que la création est une chute répétée,
une affaire de gravité.
Autrefois pendu.es ou consumé.es,
Folles que nous sommes aujourd’hui,
Nous, que la pluie a lessivé.es et lavé.es,
que le soleil a séché.es et noirci.es,
que pies et corbeaux ont les yeux crevés,
Entamons ensemble de nouvelles danses macabres.
L’Histoire est une colonne dépecée,
un carnaval radioactif,
un théâtre en ruine et sans public.
Nul nocher, nul rédempteur pour nos sales culbutes.
Entre chien et loup,
Hybrides,
le sang et le suc au bord des lèvres,
recouverts d’ordures.
à battre de la queue,
nos sens galopent.
Sur les chemins impassibles du progrès, les débris de nos mondes peuvent devenir
camarades. Les carcasses militaires, les usines éventrées, les fourgonnettes cramées,
Sont des temples pour nos mort.es,
des agoras emplies de contes pour de futurs vergers.
Auréolé.e.s de fumées et de ciels sans lendemain,
Circulons resserré.es et secoué.es de tremblements.
Dans la brume de ces horizons inconnus,
le présent est un vertige et un labyrinthe qu’il nous faut encore désirer.
Texte par | Cy Lecerf Maulpoix
Après des études de dessins à La Cambre (Belgique), Sacha Cambier de Montravel est diplômé des Beaux-Arts de Paris où ses pratiques artistiques se sont diversifiées, allant de la peinture au dessin en passant par la poésie et l’installation. Plongé depuis de longues années dans une quête philosophique, historique et littéraire de la violence et de l’érotisme à travers la sexualité, la dissidence et la collapsologie, l’artiste cherche également à formuler une pensée qui se veut l’héritière plastique de la pensée de Georges Bataille et de Sade ainsi que d’autres penseurs plus anciens et plus actuels ayant façonné son imaginaire et ses propos. Son travail renvoie à des peintures d’un style proches des périodes du Moyen-Âge tardif & de la Renaissance du Nord. Plus d’infos